Tous les travailleurs présents lors de notre vidéoconférence du lundi 4 mai, sont unanimes face à l’importance d’une reprise rapide. Il s’agit de répondre à la détresse psychologique d’une partie de leur public. Chaque SIS étant spécifique, les visions d’une sortie du confinement divergent davantage sur la forme que sur le fond.

Ces travailleurs sociaux manifestent également un sentiment d’abandon face à l’absence de communication de la part des autorités de la Région, s’ils parviennent dans une certaine mesure à maintenir un lien avec une partie du public, les conséquences psychologiques liées au confinement, les inquiètent.

La question de la mobilisation de ce public se pose également, si certains manifestent leur volonté de reprendre le chemin du SIS au plus vite, d’autres sont très inquiets face au risque de propagation du virus, tout comme les travailleurs d’ailleurs. La question de la mobilité et l’accès aux transports, de la garde d’enfants constitueront également des freins à la participation aux activités.

Au niveau de la temporalité, si certains CPAS envisagent une reprise progressive dans les prochaines semaines, la plupart s’accordent sur le fait qu’il est important d’analyser les conséquences des premières semaines de déconfinement avant une relance des activités. Néanmoins, inquiets face à l’isolement grandissant de leur public, tous travaillent déjà à un plan de reprise. Evidemment, les réalités de chacun des SIS détermineront ce qui est possible de mettre en place pour reprendre les activités.

Les participants ont également soulevé la question du financement et de la distribution du matériel de protection et d’hygiène par les autorités. Si certains SIS, relevant des CPAS, sont assurés de disposer du matériel nécessaire, c’est loin d’être le cas de toutes les structures qui revendiquent un positionnement de la part du Gouvernement wallon. Cette charge ne peut être reléguée aux structures seules, dont les moyens financiers et humains ne permettront pas d’acquérir tout le matériel de protection et d’hygiène sans une intervention rapide des autorités publiques. En conséquence, pour toutes les structures la contrainte majeure est évidemment celle du respect de l’ensemble des conditions sanitaires afin de protéger les travailleurs et les bénéficiaires.

Pour certains il est possible de reprendre progressivement avec des petits groupes de 4 ou 5 personnes en fonction de la superficie des locaux disponibles. Un groupe devrait être composé des mêmes personnes à chaque activité (ex : un groupe le matin, un autre l’après-midi). Pour les SIS, dont les locaux trop exigus ne permettent pas d’assurer les règles de sécurité, des activités en plein air seraient privilégiées (activités sportives, reprise d’un projet de jardin collectif, etc.).  Les activités en extérieur permettraient, en effet, d’assurer plus facilement la distanciation sociale. La question du port d’un masque divise le groupe, pour certains un masque est indispensable en termes de sécurité, pour d’autres, loin de nier l’importance de cette protection, le masque constitue un obstacle en termes d’insertion sociale. Certains proposent de s’inspirer des masques composés d’une fenêtre transparente réalisés pour les personnes malentendantes. Encore faut-il pouvoir s’en procurer et les financer…

Toute la difficulté pour ces travailleurs est également d’organiser des activités d’insertion dans un contexte où la norme est la distanciation sociale. La sociabilité et la proximité font partie intégrante du contenu des activités des SIS, et sont essentiels pour permettre aux bénéficiaires de verbaliser des émotions, des projets, des objectifs, etc. Autant d’éléments indispensables dans la poursuite des suivis individuels.

En conclusion, si une reprise progressive d’une partie des activités est possible, il est évident que les activités ne pourront pas reprendre dans leurs modalités d’avant crise : le contenu ainsi que le rythme des activités devront être adaptés en fonction de cette nouvelle réalité sanitaire.

Jusqu’à présent, les SIS ont fait preuve de réactivité, de créativité afin d’éviter que l’exclusion sociale de leur public ne se creuse davantage. Le secteur n’attendent plus une réaction, mais une action de la part de nos autorités face à l’urgence de répondre aux inquiétudes de ces travailleurs et de leur bénéficiaires et surtout de dégager des moyens afin d’assurer la poursuite de leur missions sociales essentielles à la construction d’une société solidaire. Cette crise est également le moment remettre au centre des collaborations entre les acteurs de terrain et les autorités, le principe de confiance.