CAIPS a enquêté auprès affiliés agréés EFT afin de travailler avec l’Interfédé à une première estimation des pertes financières liées à la crise sanitaire Covid-19. La diversité de situation de chaque centre rend l’analyse compliquée, mais voici quelques points relevés. Une attention va bien sûr être maintenue sur la situation financière des EFT mais aussi des DéFI, également exposés à des difficultés financières dans le cas notamment de polysubventionnement ou encore d’implication dans des appels à projet.

Quelques constats, partagés par les autres fédérations : avant tout, nous remercions les affiliés pour leur participation active à cette enquête. Avec 24 EFT sur les 35 agréments EFT que nous comptons au sein de la fédération qui ont pris le temps de compléter et nous ont retourné le tableau de l’Interfédé, et quatre EFT qui nous ont répondu sous une autre forme, c’est plus de 70% de réponse à notre enquête. Et dans les délais svp. Bravo à tous, l’exercice n’est pas simple.

D’après les données que vous nous avez transférées, les EFT seront impactées par la chute de leurs recettes dans le cadre de la crise. Le chiffre d’affaire en EFT chuterait pour tout le monde suite à l’arrêt ou au ralentissement des activités de production. Selon les réponses obtenues et d’après nos données, la diminution du chiffre d’affaire irait de 100% (arrêt total de l’activité de production donc) à 18% du chiffre d’affaire tel que budgété par les centres pour la période considérée. D’après nos données, toutes les EFT accuseraient une diminution de leur chiffre d’affaire et, en moyenne sur notre échantillon, le chiffre d’affaire des EFT chuterait de 64% sur la période considérée (mars à juin 2020).

Pour la plupart, les dépenses sur la même période sont, on l’imagine bien, plus faibles mais nombre de postes demeurant incompressibles, à subvention CISP maintenue et proratisée sur la période, on constate effectivement un résultat final négatif des EFT. Quelques centres sembleraient bien tirer leur épingle du jeu suite à une conjonction de facteurs favorables : possibilité de maintien d’une production suffisante, faibles dépenses suite à des postes vacants sur la période concernée par le confinement, montant de subvention CISP garanti couvrant les dépenses… Ces quelques EFT isolées présenteraient un résultat positif mais se questionnent alors sur l’insuffisance de leurs dépenses éligibles à la subvention. Pour tous les autres, en nous basant sur les résultats estimés par les centres, les EFT devraient présenter un résultat dans l’ensemble négatif pour les 4 mois de la période considérée (de mars à juin 2020… fortement estimés donc, vous l’aurez compris !) De +28.000€ à -152.000€ de résultat total sur la période au regard de nos 24 répondants, en isolant les 15% d’EFT qui présentent un résultat total positif, la moyenne avoisine -54.000€ sur la période, soit -13.500€/mois. Quant à la médiane (-39.500€), 10 EFT présenteraient un résultat total inférieur à -45.000€ (ou -11.250€/mois) et les 10 autres un résultat total supérieurs à -35.000€ (ou – 8.750€/mois).

Au vu de ces résultats et de nos données concernant les 20 EFT qui seraient en négatif, la prime unique de 5000€ ne permettrait qu’à une seule EFT de bénéficier, grâce à cette mesure, d’un résultat positif.

Attention : tout cela est à prendre avec énormément de précautions ! Le relevé au mois d’avril consistait à estimer le résultat mensuel (de mars à juin) sur base du chiffre d’affaires et des subsides liés à l’activité CISP, déduction faite des charges. Si ceci permet de dégager le résultat financier estimé pour les mois concernés par la crise, la perte à proprement parler est bien plus importante encore. Dans le calcul du résultat « réel », le chiffre d’affaire budgété pour 2020 n’est en effet pas pris en compte. Pour rappel et comme l’a souligné un affilié : « le résultat est le fruit du réel (pas d’activités, pas d’entrées, moins de charges). Mais ce résultat ne reflète pas la vraie perte au niveau du chiffre d’affaires prévu ! » Cette chute du chiffre d’affaire, on l’a estimée à -64%. Ajoutons que nous sommes encore en crise, et que l’impact économique (pour ne parler que de cet aspect) de la crise sera encore long à se faire sentir.

S’il est nécessaire d’objectiver les effets de la crise pour notre secteur, c’est chose difficile étant donné qu’il s’agit d’estimer des résultats encore inconnus. Selon les cas, alors que nous ne l’avons pas pris pour variable dans l’équation, l’EFT peut accuser des pertes sur subvention si la crise (impactant la reprise dont le recrutement de stagiaires notamment) empêche le centre de réaliser 90% de ses heures agrées. Les diminutions de charges les mois d’inactivité peuvent poser des difficultés en termes de dépenses éligibles à la subvention, la chute des recettes peut engendrer des problèmes de trésorerie, les réajustements après crise sont difficiles à anticiper, etc. Et quid des financements attendus dans le cadre d’activités liées aux appels à projet, des investissements à réaliser dans le cadre de la relance, des contrats envisagés avant le confinement, etc.

Bref, sans s’étendre sur la difficulté pour les centres de donner des estimations précises dans un contexte qui évolue sans cesse, énormément d’inconnues demeurent autour de ces chiffres qui devront être affinés au fur et à mesure.

On constate avant tout une très grande hétérogénéité dans les situations rencontrées. Les variables suivantes peuvent l’expliquer :

  • Subsidiation CISP :

La plupart des centres estiment qu’ils pourront justifier 90 % au moins des heures à réaliser en cumulant sur 2020, heures prestées, heures assimilées et heures immunisées par les mesures exceptionnelles « Covid-19 ». Mais ce n’est pas le cas partout, par exemple dans les EFT où le recrutement était insuffisant avant le confinement ; dans ce cas de figure, la perte d’une partie du subside CISP est envisageable, l’estimer précisément est difficile…

Statistiquement, il ressort par ailleurs que plus le volume d’heures agréées du centre est élevé, plus le résultat négatif estimé pour la période considérée est élevé. Il apparaît également, dans une moindre mesure, que les EFT présentant les résultats en négatifs les plus importants sont des EFT dont la subvention CISP couvre moins de 70% des charges.

  • Maintien total ou partiel des activités commerciales :

Alors que des centres ont arrêté toutes leurs activités, d’autres les ont maintenues partiellement ou totalement, sans compter les centres dont l’organisation a changé plusieurs fois en mars et avril… Les centres se sont adaptés de façon différenciée. Ainsi, si tous les restaurants sont fermés, certains ont reconverti ou développé un service de livraison de repas à domicile ou à enlever sur place. Cette adaptation peut faire toute la différence, deux centres Horeca interrogés ont même augmenté leurs bénéfices en passant à la réalisation de plats préparés sans les stagiaires, réduisant du même coup la charge des indemnités de formation ou frais de déplacements.

  • Mise totale ou partielle du personnel au chômage temporaire pour force majeur :

Des centres font appel au chômage temporaire depuis la mi-mars, d’autres depuis peu tandis que certains l’envisagent à court terme. Ses modalités d’application varient tant en nombre de jours par semaine que de membres du personnel concernés au sein d’un même centre ou de durée dans le temps. Des centres enfin ajoutent une indemnité complémentaire à l’allocation sociale. Mis en œuvre, le chômage réduit plus ou moins fortement les charges et contribue à modifier la donne…

  • Hauteur des investissements requis en regard de l’activité de la filière :

Le coût du matériel requis diffère selon la filière de formation et les nécessités d’aménagement de l’atelier ou des chantiers, des équipements requis pour la production de l’EFT (véhicules, machine, outils, matériel…) L’amortissement de ces investissements seront plus ou moins onéreux pour l’EFT, et il en ira de même pour les matières premières nécessaires à l’activité.

  • Politique du centre, caractère structurels des financements, polysubventionnements… :

Vu la chute du chiffre d’affaire en EFT, son poids relatif dans l’équilibre financier de l’EFT rend la situation actuelle d’autant plus difficile que l’EFT en dépend. Il va de même pour les EFT comme pour les filières DéFI dès lors que le centre dépend fortement de rentrées incertaines liées aux appels à projets.

  • Etc.