A 17 heures mercredi 27 novembre, la coopérative NewB avait atteint son objectif de 30 millions d’euros de fonds récoltés. Depuis, le montant maximum de 35 millions a été atteint. Il s’agit là d’un vrai succès populaire, notamment chez les jeunes, puisque l’âge le plus représenté des coopérateurs est de 29 ans.
Le CA de CAIPS a décidé de soutenir ce projet en prenant une part « A » de coopérateur.

Créée en 2011, NewB est une société coopérative belge dont le projet est de devenir une banque coopérative en Belgique. Comme toute coopérative, chaque coopérateur dispose d’une et une seule voix ; mais NewB a pour particularité d’être fondée sur trois piliers essentiels et égaux : le collège citoyen (part B à partir de 20€), le collège sociétal (part A à partir de 2000€) et le collège des investisseurs (part C à partir de 200.000€).

En 34 jours, selon un calendrier établi strictement avec les autorités de contrôle bancaire, la coopérative devait lever un minimum de 30 millions d’euros afin de constituer des fonds propres nécessaires pour l’obtention du statut d’établissement de crédit. Ce résultat fut atteint après un véritable suspense jusqu’au dernier jour. Quelques heures avant la clôture officielle de l’offre – prévue le 27 novembre à minuit –, citoyens, organisations de la société civile et pouvoirs publics avaient répondu présents. Rien que sur la journée du 27 novembre, NewB a récolté plus de 6.500.000 € ! NewB a prolongé sa campagne, jusqu’au 4 décembre minuit, délai supplémentaire accordé par la FSMA, gendarme des marchés financiers, et a ainsi pu atteindre 35 millions.

La Banque Nationale de Belgique devra encore formuler son avis sur le dossier introduit par la coopérative avant de le transmettre à la Banque Centrale Européenne (BCE). Sur base de cet avis, la BCE rendra sa décision au plus tard le 24 février 2020. Dans le cas de l’obtention de son agrément bancaire, NewB pourrait débuter ses premières activités de crédit dès l’été 2020. A l’horizon 2024, l’objectif est d’atteindre une part de marché de 0,2 % du nombre de comptes d’épargne, avec un total de 175.000 coopérateurs. Les prêts se limiteront d’abord à la mobilité douce, la performance énergétique et la production d’énergie renouvelable. Aucune agence ne devrait ouvrir, mais un service client téléphonique sera basé à Saint-Josse-ten-Noode. Enfin, NewB sera la première banque à proposer une carte liée à un compte courant qui fait à la fois fonction de crédit et de débit.

A bien des égards, le pari semblait impossible et le moment mal choisi pour faire aboutir un tel projet. En effet, cela fait cinquante ans qu’il n’y a plus eu de création d’une nouvelle banque en Belgique, notamment en raison d’une politique européenne qui pousse à réduire le nombre d’acteurs sur le terrain, plutôt que de les multiplier. Le secteur bancaire traverse une période particulièrement rude et concurrentielle, où la menace d’une nouvelle crise se fait de plus en plus pesante, et où les produits bancaires traditionnels seraient de moins en moins rentables. D’ailleurs, NewB est en perte pour le moment et devra s’imposer dans ce marché très concurrentiel tout en maintenant sa ligne de banque durable et éthique.

A contrario, on peut argumenter que le moment n’a jamais été plus opportun pour donner l’occasion aux citoyens de faire bouger les lignes d’une société ultra-marchande en quête de nouveaux repères. Les marches pour le climat, le mouvement des gilets jaunes, les alarmes incessantes sur la montée de la précarité et des inégalités sociales ont, entre autres, donné le ton ces derniers mois. On sent une volonté citoyenne de plus en plus forte de tendre vers une société plus équitable et plus humaine. On comprend mieux pourquoi le moment n’était finalement pas si mal choisi pour NewB. Les risques financiers associés à la prise de part n’ont pas été prioritaires dans la prise de décision des investisseurs, les quelque 70 000 coopérateurs ont surtout exprimé leur volonté d’un système bancaire assaini. Ce qui frappe le plus les esprits avec cette « aventure » NewB, c’est l’engouement que le projet suscite auprès du grand public – et surtout des jeunes -, du monde associatif et de différents pouvoirs publics.

Notre fédération se devait de s’impliquer dans un tel projet alternatif et audacieux en étroite concordance avec les valeurs développées dans sa charte. Le conseil d’administration de CAIPS a décidé de prendre une part « A » de coopérateur à 2000€ en puisant dans les fonds propres de la fédération. Nous faisons partie depuis des 187 nouvelles organisations qui ont rejoint les coopérateurs de NewB. Notre fédération siégera dorénavant aux côtés de plus de 340 autres organisations.