Le paysage wallon du non-emploi offre des contrastes parfois saisissants. Alors que le nombre de chômeurs indemnisés a diminué de 6,5 % entre mai 2017 et mai 2018, le nombre de demandeurs d’emploi (DE) inscrits au Forem diminue à peine de 1 %. L’explication ? L’augmentation des demandeurs d’emploi dépendant des aides financières des CPAS. Les publics éloignés de l’emploi restent sur le quai de la reprise économique…

Le Forem publie des chiffres révélant une augmentation de 32.987 demandeurs d’emploi (DE) qui passent de 191.881 personnes en juin 2018 à 224.267 en juillet. Fin juillet 2018, la Wallonie compte 146.426 demandeurs d’emploi (D.E.) demandeurs d’allocations (dont 1.774 en Communauté germanophone) et 32.276 en stage d’insertion professionnelle (dont 262 en Communauté germanophone). À ceux-ci s’ajoutent 33.417 autres demandeurs d’emploi inscrits obligatoirement et 12.148 demandeurs d’emploi qui se sont librement inscrits.

Dans la communication de ces résultats, le Forem met en avant le fait qu’à un an d’écart, ces chiffres démontrent une diminution légère de 1 %. Il est vrai que cette augmentation estivale est saisonnière et s’explique en partie par l’arrivée des jeunes ayant terminés leurs études. Mais, elle est renforcée par une augmentation assez spectaculaire de la catégorie « demandeurs d’emploi inscrits obligatoirement » de 14.446 personnes entre juin et juillet 2018. Que se passe-t-il ?

Entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, les demandeurs d’emploi s’inscrivant au Forem à la demande d’un CPAS ont été versés, de manière transitoire, dans une catégorie n’impactant pas le niveau de la demande d’emploi. Cette mesure temporaire fait suite, d’une part à la modification de la convention-cadre conclue en 2016 entre la Région wallonne, la Fédération des CPAS et le Forem concernant l’inscription des demandeurs d’emploi à la demande des CPAS et, d’autre part, à l’obligation d’inscription au Forem pour pouvoir bénéficier des aides Impulsions en juillet 2017. Ces deux éléments conjoints ont engendré une régularisation des demandeurs d’emploi inscrits à la demande des CPAS et ont nécessité d’organiser un transfert d’information des CPAS (via la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale) vers le Forem.

Les nouveaux inscrits ont été enregistrés dans une catégorie temporaire. Il s’agissait officiellement, de temps de mettre en place les nouvelles procédures, cela était sans doute aussi motivé afin de ne pas gonfler trop rapidement le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés. Les flux de données entre les CPAS et le Forem étant devenus opérationnels, les demandeurs d’emploi repris dans la catégorie transitoire sont désormais réintégrés dans la catégorie des demandeurs d’emploi inscrits à la demande des CPAS (inscrits obligatoirement) avec, comme conséquence par rapport à juillet 2017, une augmentation de 8.565 demandeurs d’emploi dans cette catégorie.

On note que ce sont les publics les plus éloignés de l’emploi qui constituent essentiellement ces nouveaux demandeurs d’emploi désormais repris dans les statistiques du Forem ; en effet, les chiffres du Forem font part des évolutions suivantes entre juin et juillet 2018 :

  • + 2.600 DE inoccupés depuis plus de 2 ans
  • + 7.600 DE avec un niveau de diplôme inférieur ou équivalent au niveau primaire
  • + 800 DE avec un niveau apprentissage
  • + 1600 DE dans la catégorie fourre-tout « autre diplôme »

Pour le Forem, « L’évolution du marché de l’emploi wallon demeure positive. La demande d’emploi est en recul sur base annuelle (191.881 demandeurs d’emploi inoccupés à fin juin 2018, soit – 8,5% à un an d’écart). En outre, les offres d’emploi continuent leur croissance entamée au dernier trimestre 2014 ». Tant mieux. Il n’en reste pas moins que la situation des personnes les plus fragiles ou moins formées ne s’améliore pas au même rythme, voire, pour certains d’entre eux, se dégrade. A ce propos les chiffres communiqués par le Forem sont éloquents : près d’un demandeur d’emploi sur deux n’a pas le diplôme d’étude secondaire (46 %) et/ou est inoccupé depuis au moins deux ans (41 %).

Plus que jamais les propositions de notre secteur sont à mettre en avant, notamment celles visant une politique de création d’emplois à qualifications réduites. A ce titre, le soutien de l’économie sociale ou le développement d’aides à l’emploi publiques ciblées sont à promouvoir. Et vite ! Nous vous invitons à lire ou relire l’ensemble de nos propositions dans notre mémorandum en vue des élections de 2019.

N.B.: Vous pouvez consulter les données du Forem sur https://www.leforem.be/MungoBlobs/644/774/20180809_Chiffres_SeriesStatistiquesMde201807.pdf