Depuis le 1er janvier 2021, les stagiaires qui suivent une formation à Bruxelles Formation ou dans les centres conventionnés bénéficient désormais d’une prime de 2 euros brut de l’heure de formation au lieu de 1 euro.

A Bruxelles, près d’un chômeur sur 5 abandonne sa formation pour des questions de précarité (garde enfants, mobilité, …) selon les résultats de « l’étude sur la précarité du public en formation professionnelle en 2015 sur base de données administratives – Bruxelles Formation et partenaires », menée par l’ULB (Metices) et transmise en mai 2018 au Ministre de la Formation professionnelle de la Commission communautaire française. Ce document fait écho à la situation financière précaire de près de la moitié des chercheurs d’emploi en formation au sein de Bruxelles Formation et de ses partenaires conventionnés (Organismes d’insertion socio-professionnelle, Enseignement de Promotion sociale, CDR, asbl actives dans la formation des personnes handicapées, …). Une telle précarité financière impacte négativement le parcours des stagiaires en formation préqualifiante (permettant l’acquisition de compétences utiles à l’insertion professionnelle mais non directement liée à l’apprentissage d’un métier). En effet, en raison de ces difficultés matérielles, ceux-ci peuvent être tentés d’interrompre leur formation et de ne pas entamer une formation qualifiante qui leur permettrait d’acquérir des compétences propres à l’exercice d’un métier défini et qui constitue un élément essentiel favorisant une intégration durable sur le marché du travail.

Dans sa déclaration de politique régionale, le gouvernement bruxellois s’était engagé à ce que l’indemnité de formation – rebaptisée du coup en « revenu de formation » – allait passer de 1 euro brut à 4 euros brut. Mais l’objectif s’est révélé vite trop ambitieux au regard d’autres réglementations comme celles qui encadrent les allocations de chômage ou le revenu d’intégration. En réponse à une question de la députée socialiste Isabelle EMMERY, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle Bernard CLERFAYT (Défi) avait  d’ailleurs reconnu que l’octroi de ce montant aux demandeurs d’emploi bruxellois en formation « n’arriverait pas tout de suite ». « Ce chemin-là est compliqué », avait-t-il déclaré en commission des Affaires économiques et de l’Emploi le 2 octobre 2019. Son montant n’a pas été indexé depuis 1998, avait encore rappelé le ministre : si on l’avait indexé, « cela ferait 1,87 euro brut aujourd’hui ».

Depuis le 1er janvier 2021, suite à l’adoption de l’arrêté 2020/2613 du 11 février 2021 du Collège de la Commission communautaire française modifiant l’arrêté du Collège de la Commission communautaire française 2013/129 du                                          19 décembre 2013 relatif à l’octroi de certains avantages aux stagiaires qui reçoivent une formation professionnelle dans le cadre de l’Institut bruxellois  francophone pour la formation professionnelle, les stagiaires qui suivent une formation à Bruxelles Formation ou dans les centres conventionnés bénéficient désormais d’une prime de 2 euros brut de l’heure de formation au lieu de 1 euro. Ce doublement du montant de la prime de formation est annoncé par le gouvernement bruxellois comme une première étape vers le revenu de formation prévu dans les accords de majorité. C’est là une belle avancée pour les stagiaires dont on se réjouira en espérant qu’elle inspirera les décideurs wallons.

Le nouvel arrêté est paru au Moniteur le 16 février et est entré en vigueur avec effet rétroactif le 1er janvier 2021 ; il s’applique à tous les contrats de formation professionnelle en cours. Il est consultable à https://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/loi_a.pl Soulignons pour une fois que sa lecture en est très facile, puisqu’il se limite à préciser que « les mots « 1 euro » sont remplacés par les mots « 2 euros ». Plus simple que cela, on ne fait plus de nos jours marqués par la complexification administrative et l’inflation de textes juridiques de tout acabit !

Une affiliée du Brabant wallon (BW) se questionne : « Je me doute qu’à Liège ou à Mons la probabilité est faible de voir les candidats stagiaires migrer vers la capitale pour suivre des formations mieux soutenues financièrement, mais qu’en sera-t-il chez nous en BW ? Bon, bien sûr, la qualité de nos formations est présente, je n’ai pas beaucoup de craintes. Mais quand même, ce serait bien pour nos stagiaires d’avoir une « rawette » sur leur prime qui n’a pas changé depuis que je travaille et qui était à l’époque de 40 francs ». On ne peut que partager sa remarque sur cette « rawette » que CAIPS réclame aussi en Wallonie depuis près de 20 ans…