Du côté francophone, la réserve des gens prêts à se faire vacciner est occupée à se réduire, avec 38 % des francophones qui refusent d’être vaccinés, contre seulement 20 % des Flamands d’après les conclusions du trentième rapport du baromètre de la motivation au vaccin mis au point par l’UGent, l’UCLouvain et l’ULB. Les autorités lancent des initiatives. La fédération CAIPS soutient les affiliés dans leur réflexion et la recherche d’outils.

« Le risque majeur, après avoir parlé longtemps du fait qu’il n’y avait pas assez de doses, c’est qu’on risque désormais d’avoir assez de doses mais pas assez de personnes pour venir se les faire administrer… » La remarque du professeur Olivier LUMINET (UCLouvain) est un rien provocante mais elle reflète les conclusions du trentième rapport du baromètre de la motivation au vaccin mis au point par l’UGent, l’UCLouvain et l’ULB. Ce constat interpellant a été dévoilé jeudi 13 mai à l’occasion de sa sortie. 128.331 personnes ont pris part à ce baromètre depuis décembre, ce qui permet de voir l’évolution entre novembre-janvier et avril et avoir ainsi des données plus fiables sur le temps.

Les néerlandophones sont nettement plus enclins à la vaccination que les francophones. Si 71 % des non-vaccinés du nord du pays sont favorables au vaccin contre le Covid, ils ne sont que 51 % à l’être à Bruxelles et en Wallonie. A l’inverse, il y a 38 % des francophones qui refusent d’être vaccinés, contre seulement 20 % des Flamands.

Du côté francophone, la réserve des gens prêts à se faire vacciner est occupée à se réduire, avec un pic au-delà des 40 % de personnes refusant la vaccination dans la province de Liège. Si 71 % des non-vaccinés du nord du pays sont favorables au vaccin contre le Covid, ils ne sont que 51 % à l’être à Bruxelles et en Wallonie. A l’inverse, il y a 38 % des francophones qui refusent d’être vaccinés, contre seulement 20 % des Flamands. Pour les auteurs du rapport, il est nécessaire que les gouvernements (wallon et bruxellois) réagissent en lançant des campagnes de communication en faveur de la vaccination. Si ces chiffres se confirment fin juin, cela va finir par caler avec une proportion de gens qui ne vont pas se présenter et qui vont empêcher d’atteindre la couverture vaccinale tant attendue de 70 %.

74 % des personnes qui ont pris part au baromètre indiquent avoir révisé positivement la question au fil du temps. Ainsi sur 100 % des gens qui refusaient « sans aucun doute » d’être vaccinés, ils ne sont plus que 66 % à être aussi « négatifs » tandis que 12 % hésitent désormais et que 22 % indiquent vouloir accepter le vaccin. Et sur les 100 % des gens qui acceptaient « sans aucun doute » une dose, ils sont toujours 98 % à rester convaincus, 1 % étant devenu hésitant et 1 % à le refuser. Qu’est-ce qui les a fait changer d’avis ? Dans les différentes réponses possibles, c’est le discours médical qui a été le plus favorable à ce changement, à savoir 59 % grâce au discours des médecins, 28 % des pharmaciens et 22 % des experts. Le monde politique, lui, n’a convaincu que 18 % des répondants dans le doute, mais cela reste mieux que les 14 % des répondants déclarant avoir été sensibilisés par des personnalités ou les 13 % convaincus par des témoins.

Il importe aussi de prendre en compte les difficultés d’accès au vaccin pour une partie non négligeable de la population. Obtenir des droits à distance est devenu mission impossible. On peut mettre cela en rapport avec une carte publiée par Le Soir qui montre les communes où l’inscription à la vaccination est faible. On y retrouve les entités ouvrières autour de Liège, Charleroi et Mons, ce qui témoigne à nouveau des difficultés qu’un public très large éprouve à utiliser les technologies modernes

Catherine MOUREAUX interviewée dans Le Soir du 12 mai estime qu’« il faut rapprocher la vaccination des citoyens». Le 6 mai, la commune de Molenbeek a lancé une opération originale de vaccination sur son marché qui se tient tous les jeudis. L’opération a permis d’injecter une dose à treize personnes, dans la maison communale, où les accueillaient, dans un box provisoire, un médecin et un agent administratif. Deux personnes qui travaillent normalement au centre de vaccination ont été envoyées comme explorateurs pendant deux heures sur ce marché très populaire et dense avec pour objectif de voir ce que pouvait donner une formule de vaccination immédiate, dans un lieu proche. Le public cible en était les personnes qui avaient déjà accès à la vaccination, par leur âge ou parce qu’elles souffrent de comorbidité, et ne s’étaient pas encore inscrites dans l’un des centres. Au total, 94 citoyen(ne)s ont été approché(e)s, 13 ont accepté de se faire vacciner dans l’instant. « Les explorateurs » ont tenté de comprendre les freins à la vaccination. 52 étaient favorables à la vaccination mais 30 souhaitaient revenir plus tard, accompagnées d’un proche, tandis que pour deux d’entre elles, ce n’était pas le bon moment et 20 ne voulaient pas d’injection pendant la période du ramadan. Précisons pour ce dernier motif qu’il n’est plus évocable aujourd’hui ; en effet, l’Exécutif des musulmans de Belgique a déterminé que le jour de l’Aïd Al Fitr marquant la fin du mois de jeûne du ramadan est fixé au jeudi 13 mai. Les 29 autres personnes contactées n’étaient pas demandeurs, par principe (15), parce qu’ils doutent (6) ou pour d’autres raisons. Les personnes intéressées mais qui ne rentraient pas dans les critères de vaccination – les catégories d’âge fixées par les autorités bruxelloises – n’ont pu bénéficier de la formule immédiate, mais ont reçu un flyer les invitant à prendre contact, en vue d’une inscription, avec le call center communal. Dans l’après-midi, les appels s’y sont multipliés.

Ce premier test a convaincu la bourgmestre socialiste de répéter l’opération dès le 20 mai, et les jeudis qui suivent, à plus grande échelle cette fois, avec 70 puis 150 doses hebdomadaires. La bourgmestre de Molenbeek s’en explique : « c’est par la proximité qu’on ira chercher les quelques pourcents nécessaires à l’immunité collective ». Pour Catherine MOUREAUX, il n’y a pas de doute, il faut développer ce type d’actions. « Il y a des gens qui ne veulent pas se faire vacciner, c’est normal. Mais, pour se situer entre 70 et 85 % de taux de vaccination, on doit aller chercher des gens très éloignés, qui n’arrivent pas à se dépêtrer dans le système actuel. Clairement, une partie de la population se sent démunie pour donner suite à l’invitation à se faire vacciner. Ce que les gens expliquent, c’est qu’ils ne sont pas opposés au vaccin mais qu’ils n’ont pas accès à l’informatique. La notion de prendre rendez-vous ne convient pas non plus à toute une série de personnes, ça les désoriente. Si on veut augmenter nos taux de vaccination pour juillet, on doit faire un effort de proximité, créer des dispositifs plus proches pour tenter de lever les barrières. »

En région wallonne, les autorités sont aussi conscientes de la nécessité de prendre des initiatives pour améliorer le taux de vaccination de la population. Par courrier daté du 11 mai, la ministre MORREALE s’est adressée à tous les opérateurs subventionnés des secteurs wallons de la santé, de l’action sociale et de l’insertion socio-professionnelle pour les inciter à promouvoir la vaccination auprès des usagers fréquentant leurs centres et à les accompagner dans leurs démarches pour y parvenir.

Afin d’encourager la vaccination de tous et pour offrir une couverture vaccinale maximale sur l’ensemble du territoire, de nouvelles initiatives sont actuellement mises en place par les autorités, comme l’opération « Re Vax 50+ ». Elle est enclenchée à partir du lundi 31 mai. Concrètement, les personnes de 50 ans et plus qui hésitaient, qui ont laissé leur code se périmer ou encore celles qui ont égaré leur invitation ou qui n’auraient pas reçu le courrier qui leur était destiné, habitant en Wallonie et qui souhaitent se faire vacciner pourront appeler le numéro gratuit 0800/45.019.

Une réflexion est en cours au sein de nombreux centres de la fédération qui souhaitent contribuer à atteindre une couverture vaccinale de 70% à 80% de la population vaccinée afin d’obtenir une immunité de masse. L’enjeu est sanitaire, mais il est aussi citoyen. Plus on vaccine des personnes, plus on diminue le risque de voir des personnes développer des formes sévères ou de se heurter à une surcharge au niveau des hôpitaux. Plus on est nombreux à être vaccinés et plus vite on pourra reprendre une vie sociale acceptable pour serrer qui on veut dans les bras, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, voyager librement, faire la fête, retourner dans les cafés et les restaurants, revoir tous ses amis ou ses proches. Et surtout et avant tout, mieux se former, fréquenter les activités des centres en toute sérénité… La question est d’autant plus pertinente que les désinformations sur les vaccinations sont les plus prégnantes au sein des publics précarisés. Il importe de contribuer à leur donner les moyens de poser un choix avec une meilleure connaissance. Pour celles et ceux qui souhaitent être vaccinés, il importe également de leur proposer un accompagnement adapté pour faciliter leur démarche afin de mieux répondre aux difficultés qu’ils rencontrent tant en termes de mobilités que d’accès au numérique par exemple.

Les affiliés ont abordé la question à l’assemblée de la fédération du 28 mai à Charleroi. Les difficultés auxquelles se heurtent les affiliés en la matière  sont d’ordre divers, à commencer par les résistances et le manque d’informations de membres de leurs personnels. Ces premiers échanges ont débouché sur un premier besoin auquel devrait s’atteler prioritairement l’équipe de la fédération : diffuser l’accès à des ressources extérieures facilitant la diffusion d’informations adaptées et crédibles visant nos publics. Plusieurs ressources ont été évoquées :

  • Vendredi 8 janvier 2021, le Réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté a posé ses questions sur le coronavirus et sur les vaccins à une spécialiste de la question, Leïla Belkhir, qui est médecin-infectiologue, travaille dans aux Cliniques Saint-Luc à Bruxelles et enseigne également à l’Université Catholique de Louvain. Suite à cette rencontre, le Réseau a décidé de réaliser un document questions-réponses, afin de mieux informer ses publics et de permettre de faire un choix éclairé sur la vaccination. Comme l’a dit Leïla : « Même si, moi, je suis hyper enthousiaste pour le vaccin, je peux tout à fait comprendre que certaines personnes, si en plus, elles n’ont pas forcément de facteur de risque, veuillent attendre ou avoir un peu plus de temps. Et donc c’est un bon choix de ne pas le rendre obligatoire, mais plutôt d’essayer d’informer, et d’informer correctement ». Voir à https://www.rwlp.be/images/Synthese-de-notre-reunion-avec-Leila-Belkhir.pdf

 

  • La brochure de Question Santé « Pour le vaccin, j’hésite…C’est grave docteur ? » ouvre la réflexion sur l’hésitation vaccinale. De façon générale, les interrogations sur la vaccination montrent une méconnaissance de son principe, son fonctionnement, son mode d’action et ses évolutions. Et pour cause, s’informer de manière correcte à ce sujet est devenu un vrai parcours du combattant ! Derrière l’hésitation vaccinale, n’y a-t-il pas des personnes qui veulent prendre des décisions concernant leur santé, en toute connaissance et en toute responsabilité ? Peut-on ignorer ceux qui se posent des questions ? Leur hésitation n’est-elle pas légitime ? Comment mieux répondre aux interrogations de la population ? https://questionsante.org/assets/files/EP/2019_BROCH_PourLeVaccinJhesite_BD_VF.pdf

 

  • Les centres locaux de promotion de la santé sont des organismes agréés pour répondre aux demandes de tous les acteurs du ressort de leur territoire. Vous pouvez faire appel à eux. Les CLPS ont notamment pour mission d’apporter une aide méthodologique aux organismes et personnes qui développent des actions de terrain dans le domaine de la promotion de la santé et de la médecine préventive, et d’initier au niveau de leur ressort territorial des dynamiques qui encouragent le développement de partenariats, l’intersectorialité et la participation communautaire, en particulier par la réalisation de conférences locales en promotion de la santé. Les centres locaux de promotion de la santé travaillent en collaboration avec l’administration, les services communautaires de promotion de la santé et les centres de référence. Un centre local de promotion de la santé est agréé dans chacun des arrondissements ou groupes d’arrondissement suivants : Brabant wallon, Nivelles, Ath – Tournai – Mouscron – Comines (Hainaut occidental), Charleroi – Thuin , Mons – Soignies , Huy – Waremme , Liège , Verviers , Namur – Dinant – Philippeville (Namur), Arlon – Bastogne – Marche-en-Famenne – Neufchâteau – Virton (Luxembourg).

 

  • Cultures et santé a réalisé en collaboration avec Question Santé, un guide d’animation sur la vaccination contre la Covid-19 et les enjeux de santé et de société qu’elle soulève. Il apporte des repères pédagogiques et propose des pistes d’animation à mener en collectif ou en individuel. Comment fonctionne un vaccin ? Pourquoi se faire vacciner contre la Covid-19 ? Suis-je obligé·e de me faire vacciner ? Puis-je choisir mon vaccin ? Comment ça se passe concrètement ? Quels sont les risques ? Est-ce que je pourrai reprendre un vie « normale » une fois vacciné·e ? Quels enjeux de société soulève la vaccination ? Ce guide offre des repères pédagogiques pour mener en petits groupes, en entretien individuel ou en équipe, une discussion et une réflexion sur le vaccin contre la Covid-19, à informer de manière claire et adaptée, à outiller l’esprit critique. Des ressources complémentaires sont également proposées pour soutenir l’animateur·rice dans son intervention. Plusieurs pistes d’animation sont proposées dans le guide. Elles permettent d’explorer le mécanisme de la vaccination et ses spécificités contre la Covid-19, de questionner les représentations, freins et leviers liés à la vaccination, d’ouvrir la discussion sur les enjeux de société en lien avec la vaccination, de discuter avec le groupe sur l’animation vécue (ce qui les a marqué, ce que cela leur a apporté, ce qu’ils vont mettre en place). Deux pistes complémentaires permettent d’aborder la question de l’information, à l’heure de la mise en oeuvre de la campagne de vaccination. Des illustrations et photos ont également été créées pour animer certaines pistes d’animation, soutenir la discussion sur la vaccination et sur les enjeux de société qu’elle soulève.

Covid-19 : Discutons vaccination – Guide d’animation 

Covid-19 : Discutons vaccination – Photos Enjeux vaccination

Covid-19 Discutons vaccination – Illustrations vaccination

  • Le site https://www.jemevaccine.be/ propose une série d’informations tous publics sur la campagne de vaccination. Phasage et organisation de la campagne de vaccination, sécurité des vaccins, contre-indications, types de vaccins, gestes barrière… vous pourrez trouver sur ce lien les réponses aux principales questions que vous vous posez au sujet de la vaccination anti Covid-19.

 

  • Une page du site de l’AVIQ regroupe l’ensemble des informations et outils spécialisés destinés aux professionnels impliqués dans la stratégie de vaccination en Wallonie. Médecins coordinateurs ou référents de collectivités, professionnels d’aide et de soin de santé, médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, personnel soignant des hôpitaux, personnel administratif concerné, vous trouverez ici les ressources visant à vous outiller et à vous accompagner au mieux dans le travail de vaccination.

 

FAQ liée aux invitations/convocations à la vaccination

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S’investir en tant que professionnel dans un centre de vaccination